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Disk 42 (Décembre 2012)

En juin 2012, la revue Disk a fêté sa dixième année d’existence. Avant la parution du premier numéro avait été fondé en 2001 l’Institut de création dramatique et scénique de DAMU (DaS). La revue devait assurer la publication des travaux de l’Institut et contribuer au démarrage et à l’essor de ses activités, en attirant des collaborateurs (dans différents domaines). La revue devait aussi servir à suggérer aux doctorants des recherches dans le domaine de la création scénique et de la théorie, dont l’Institut était devenu le lieu de formation.

La création de l’Institut n’est absolument pas liée au fait que les activités scientifiques et de recherche deviennent un facteur de plus en plus important dans l’évaluation de la qualité des grandes écoles, en particulier pour l’obtention de moyens publics pour leur développement; d’ailleurs cette considération n’était pas alors primordiale. L’idée reposait sur des données naturelles: faire matière de recherche des conditions de la création dramatique et scénique, de ses procédés, de ses réalisations et de leurs applications dans le lien réciproque de ces trois aspects (conditions, procédé de création et réalisation y compris application de leurs produits) et de deux éléments (l’élément dramatique spécifique et l’élément spécifique général), pour ne pas parler du lien indissoluble de l’histoire, cad. des tendances à long terme avec le théâtre vivant. L’activité de la faculté de théâtre crée les conditions pour cette recherche dans la mesure où elle en a besoin elle-même pour son propre développement. Dans la planification et la réalisation des activités de l’Institut, il était clair dès le début que cette recherche, pour être vraiment féconde, devait avoir un spectre plus large que celui des productions théâtrales.

En décembre 2002 est paru le deuxième numéro du Disk et à partir de 2003, la revue est parue quatre fois par an. Le financement a été assuré depuis l’année 2005 jusqu’à l’année 2011 par le Centre de recherche fondamentale de AMU et MU de Brno orienté sur la thématique «de l’art et de la technologie» avec son principal coordinateur le professeur Ivan Kurz, pour qui Tamara Čuříková a été une collaboratrice importante dans les difficultés administratives et économiques rencontrées pour créer et développer le Centre. Grâce au Centre, nous avons obtenu le concours du prfesseur Václav Syrový, avec ses contributions (par ex. «Sur l’origine des sons, électroniques et autres» au Disk 4 et «Le son, objet autonome?» dans le Disk 21). Pour ce qui est de la production et de la distribution, après que les Editions AMU se sont retirées, la publication du Disk est revenue à partir du début 2006 aux éditions KANT de Karel Kerlický. Il en est de même avec les éditions Disk, que nous avons commencé à publier en 2005, lorsque sont sortis les premiers volumes de la grande et de la petite série. Dès le début Martin Radimecký s’est chargé de son aspect graphique, comme de celui de la revue Disk.

Pour se qui est du comité de rédaction, après quelques menus changements – y ont figuré dès le début des activités du Centre en 2005, Jan Císař, Tamara Čuříková, Július Gajdoš (ces deux derniers étaient présents à la création du Centre, mais ils n’ont malheureusement pas pu participer directement à son développement dans les années qui suivirent), puis ensuite Jan Hyvnar, Ivan Kurz, Zuzana Sílová (chef rédactrice adjointe), Václav Syrový, Miroslav Vojtěchovský et Jaroslav Vostrý (rédacteur en chef); on a pu avoir la participation au Comité de rédaction de Vladimir Justl, bohémisant, qui malheureusement n’est plus parmi nous, de Zdenka Švarcová, japonisante, de František Šmahel, historien, ainsi que pour les spécialistes étrangers Wojcieck Dudzik de l’Université de Varsovie et de Joseph N. Rostinsky de l’Université de Tokai; depuis la mi-2010 est aussi membre du Comité de rédaction Karel Kerlický, qui dirige l’édition du même nom.

Dans le cadre du Centre, la scénologie, en tant que discipline étudiant les aspects scéniques du comportement humain, a pu devenir définitivement la base théorico-méthodique de notre recherche. On prend en compte fondamentalement les nouvelles possibilités de mise en scène qu’ils offrent, possibilités ouvertes par le développement de la technique et de la technologie, en liaison avec le développement impétueux des nouveaux médias. Sur la base de la distinction de l’artistique et du médiatique, ce qui sont deux aspects du théâtre, le point de vue scénologique permet une approche plus différenciée de ce qui fait son caractère et sa manière propre. Un grand nombre de thèmes qu’on a commencé à discuter dans la revue, ont été développés dans les livres parus dans la grande et petite série de l’édition du même nom (voir le livre de l’auteur de l’introduction, intitulé Mettre en scène à l’époque du mis en scène général. Introduction à la scénologie, qui devrait paraître d’ici la fin de l’année).

Ce que nous pouvons appeler le mis en scène général, ne pose pas seulement de façon nouvelle les questions touchant à la différenciation des manifestations non spécifiques et spécifiques (surtout culturelles), mais il rend possible de regarder de façon plus différenciée la problématique de l’espace, où entrent en contact le spécifique et le non-spécifique, y compris la problématique du management culturel (voir les essais publiés en librairie La construction du théâtre de Daniel Hrbek et Théâtre, culture, conditions. Expérience personnelle de Jiří Šesták), de ce qu’on appelle l’industrie culturelle (voir la polémique dans le Disk 37 provoquée par l’article de base de Július Gajdoš dans numéro 32 «Les industries créatives= le développement de la culture, ou bien le nouveau totalitarisme du marché?» et des événements (voir la publication en préparation du livre d’Alexandr Gregar La ville et (son) théâtre. L’histoire de la colline de Hradec Králové: d’Eliška Rejčka à Annie Girardot, les nouvelles traditions des «dionysia» de la ville).

Les bourses jouent un rôle décisif pour assurer le financement de l’activité de recherche. Deux projets financés par l’Agence des bourses de la République tchèque étaient consacrés à l’art dramatique et en liaison avec son développement en Tchéquie, aux aspects générationnels de ses formes et de ses façons d’être. A partir des études pour la revue est né le livre de Jan Hyvnar intitulé Sur l’art dramatique tchèque du 20ème siècle, complété ensuite par la deuxième édition augmentée de son livre Le comédien dans le théâtre moderne (Sur les réformes théâtrales du 20ème siècle) ; en petit tirage est sortie l’étude de Hyvnar consacrée aux comédiens virtuoses du 19ème et du début du 20ème siècle. A côté du livre de Zuzana Sílová et de l’auteur de cette introduction L’art du comédien est-il encore possible aujourd’hui?, il faut aussi mentionner le livre de Z. Sílová publié antérieurement Le DISK et la génération de 1945 (Sur Jaroslava Adamová et Jaromír Pleskot) ; lui a fait suite la monographie collective Génération et continuité (Sur l’art tchèque de la scène au 20ème siècle): Z. Sílová en était l’éditrice et on pouvait y découvrir les contributions du doctorant et collaborateur du Centre Pavel Bár, important pour son orientation vers le théâtre musical avec son fond dans le mime et le pantomime. Zuzana Sílová a participé avec l’auteur de cette introduction au livre L’art du comédien est-il encore possible aujourd’hui?, et toute une série d’études préparatoires à sa monographie Les comédiens sur la scène tchèque sont parues dans le Disk. La doctorante Tereza Šefrnová, dans le cadre de son travail de doctorat, s’occupe de la diversité des conditions de la création du jeu de l’acteur (voir son étude dans les Disk 39 et 41 sur la création des mises en scène à Broadway).

Pour ce qui est des thèses publiées, consacrées aux formes et aux styles de l’art du comédien, il faut rappeler le travail de Jiří Šípek Les liens psychologiques de la création scénique, travail faisant la synthèse des études publiées précédemment dans la revue (mais qui malgré cela continuent de présenter un intérêt propre). D’autre part, la même problématique est abordée par la thèse d’Eliška Vavříková (Mimesis et poisesis) et de Maja Jawor (Voix et mouvement). Toutes deux, avec la thèse publiée en livre de Hana Varadzinová Scénicité et musicalité , prirent naissance en liaison avec la recherche ethno-scénographique soutenue par la bourse de doctorat GAČR et réalisée dans le cadre de la préparation de la mise en scène aujourd’hui légendaire de Farma v jeskyni (La Ferme dans la grotte) Sclavi/Emigrantova píseň – Esclaves/Chanson d’émigré), laquelle a rendu célèbre son metteur en scène Viliam Dočolomanský (qui entretemps fini son doctorat et a écrit dans le Disk quand il n’avait pas tant de soucis avec sa troupe mondialement connue, mais à l’existence toujours menacée; voir son étude «Inspiration espagnole» dans le Disk 3 et «Lettres d’émigrants» dans le Disk 15: il s’agit d’émigrants ruthènes, dont les lettres d’Amérique ont été une des sources d’inspiration de la mise en scène de Sclavi. La recherche de la forme et du style de l’art du comédien, laquelle demeure au premier plan des intérêts de l’Institut, est actuellement le témoignage de la liaison de la recherche théorique avec la recherche qui, en quelque sorte fondamentalement quant au mettre en scène spécifique – se fait directement dans l’espace scénique spécifique.

Dans le développement des styles spécifiques de mise en scène et leur fonctionnement dans la culture, il s’agit à proprement parler de l’interaction permanente du «mime et de la pantomime» (cad. au sens strict de l’élément scénique, souvent directement clownesque) d’un côté, et du drame – non seulement au sens du texte, mais au sens du théâtre parlé – de l’autre. A comparer par ex. la confrontation de ces éléments chez Karel Čapek, identifiés dans les contributions de la doctorante Klára Novotná et de l’étudiante en dramaturgie Hana Nováková dans le Disk 38, contributions consacrées à ses activités de dramaturge et de metteur en scène au Théâtre de Vinohrady. Alors qu’auparavant la doctorante de Brno Jana Horáková avait traité le même sujet, ainsi que la doctorante Jana Cindlerová (voir en particulier son ouvrage récent sur Maladie blanche dans le numéro 39).

En ce qui concerne la problématique du rapport entre le texte de théâtre et la mise en scène dans le théâtre contemporain, les considérations de Jan Císař sont une contribution importante et très éclairante: elles reposent sur les tendances longues du théâtre tchèque moderne, et pas seulement celles qui ont été par la suite placées dans le livre La tradition théâtrale tchèque: mythe ou réalité vecue? (pour les études historiques voir son étude «La synthèse théâtrale de Tyl» du recueil Josef Kajetán Tyl 1808-1856-2006-2008). Les contributions de l’auteur de cette introduction étaient aussi consacrées aux questions du drame, développées essentiellement dans la publication Scénologie du drame. Elles avaient été précédées par les études de Július Gajdoš dans le 1er volume (de la petite série) sous le titre De la technique du drame à la scénologie ; dans les numéros 12, 13 et 34 du Disk, par exemple, Július Gajdoš s’est consacré à l’étude de pièces de théâtre particulières.

Le concept de ,dramaturgie du comédien’ développé par Zuzana Sílová s’est avéré porteur et valable du point de vue plus large du rapport de l’art du comédien et de la mise en scène, en particulier du texte de la pièce et de sa mise en scène dans la série d’articles «La pièce xy en tant que problème dramaturgique». Pour ce qui est de la position de la dramaturgie tchèque d’aujourd’hui et des rapports du théâtre tchèque contemporain avec le modernisme classique tchèque dans le drame, la contribution consacrée à La lune au dessus de la rivière de Šrámek, dans le Disk 37, nous en dit beaucoup. Son auteur est Milan Šotek, doctorant et dramaturge du théâtre d’Olomouc, ainsi que auteur et chef du cabaret Calembour. Le concept de dramaturgie du comédien a inspiré aussi Lenka Chválová dans son travail de thèse Des actrices de Tyl à Sklenářová-Malá, dont la première partie, consacrée à la dramaturgie des actrices de Tyl, devrait paraître en livre avant la fin de l’année; l’auteure poursuit sont travail sur l’art des actrices tchèques en rapport avec le développement du drame tchèque au 19ème siècle.

Les efforts de recherche de la doctorante Petra Honsová méritent d’être mentionnés ainsi que son étude consacrée à Jiřina Třebická et Jiří Hálek. Je me suis moi-même occupé du rapport entre ,l’art de jouer dans la vie’et l’art du comédien – entre autre – dans l’étude «Entre le mettre en scène (de soi) et l’art dramatique» dans le Disk 36, et j’ai attiré l’attention sur le lien de la problématique du jeu et du comportement, y compris de sa perception intérieurement tactile, pour parler comme Zich dans l’étude «L’action scénique et les neurones en miroir» dans le Disk 28. Les contributions de Jan Hančil apportent différents points de vue sur l’art dramatique (voir par ex. sa réflexion «Le charisme et son acteur» dans le Disk 30 et les études sur l’accueil de Stanislavsky à l’Ouest paraissant dans ce numéro. Hančil est aussi l’auteur de l’étude «Les stratégies pour le public de l’action par le dialogue» dans le Disk 34. En tant que doyen de la Faculté de théâtre, il apporte une aide importante à la revue Disk et à ses éditions.

Pour ce qui est du mettre en scène spécifique, la comparaison du théâtre de l’ouest et de l’est, concrètement du théâtre japonais et de son rapport au caractère du mettre en scène de là-bas, est devenue une source importante de nouveaux points de vue – et ceci grâce aux trois symposiums tchéco-japonais ayant un lien en collaboration avec le département de théâtrologie de l’Université Waseda de Tokyo; voir aussi les contributions de Zdenka Švarcová (y compris ses traductions des pièces sur Madame Komatchi du célèbre protagoniste du théâtre nô Zeami Motokiyo) et de Denisa Vostrá, qui a étudié il y a quelques années avec Zdenka Švarcová et qui a collaboré avec Petr Holý, un autre contributeur japonisant sur deux extraits du fameux traité de Zeami sur l’art du comédien de l’année 1424. Dans l’élargissement de l’éventail des centres d’intérêts de l’Institut au mettre en scène spécifique et non-spécifique dans toute l’Asie et toute l’Amérique du Sud, nous n’en resterons certainement pas à la contribution de Helena Kubičková consacrée au tango, phénomène spécifique de la culture argentine dans le Disk 6 et aux deux études de Stanislav Slavický, bien informé de la problématique grâce à son activité diplomatique dans les pays en question: la première, consacrée à la tradition scénique de l’Asie du sud-est, insérée dans le Disk 38 et la deuxième (sur la thématique de la scénicité vénézuélienne) est dans ce numéro. Mentionnons également l’article de Klára Břeňová: «De la fête Purim au théâtre yidish» dans
le Disk 17.

Matière à considération sur la forme contemporaine du théâtre est offerte naturellement par les contributions consacrées au théâtre européen, souvent dans le contexte du mettre en scène extrathéâtral: nous trouvons à côté des signatures de Jitka Pelechová et de Zuzana Sílová, celles des doctorants Pavel Bár, Jana Cindlerová et (comme dans ce numéro) de Petra Honsová et Štěpán Pácl, et aussi celles du professeur Július Gajdoš et de l’auteur de cette introduction.

Josef Herman et le metteur en scène Jiří Heřman se sont intéressés aux événements européens dans le domaine de l’opéra, alors que l’intérêt principal du premier nommé – de même que pour Jan Císař et Jana Cindlerová dans le domaine du théâtre, et pour Pavel Bár dans le domaine du musical et de l’opérette – portait sur le théâtre tchèque contemporain à la lumière de ses tendances durables, y compris les phénomènes importants du théâtre amateur (voir l’étude importante de Jan Císař «En dehors du champ institutionnel» dans le Disk 38).

Ces tendances durables apparais­sent bien dans la confrontation du ,grand’et du ,petit’ théâtre sur le fond des phénomènes socioculturels du théâtre public et privé, officiel et alternatif, professionnel et amateur, envisagés historiquement et comparés sur le plan international (voir les études «Scène et cave» du Disk 5 et «Le grand théâtre et le besoin de recul» du Disk 41 par l’auteur de ces lignes, lequel a participé au côté de Zuzana Sílová aux études «Un grand théâtre est-il encore possible aujourd’hui?» publiées dans les numéros 21 et 22) et en rapport avec la problématique du théâtre de troupe et de l’art dramatique (voir les études de Jan Císař dans le Disk 2 et 3, et les articles de Jana Cindlerová dans les numéros 29, 36 et 37 consacrés au Théâtre de la Moravie du Sud, au théâtre Buranteatr et au théâtre de la Bohême du Sud) ; nous avons suivi naturellement le dernier thème dans les articles sur les théâtres étrangers et à l’histoire récente du théâtre tchèque (voir aussi les études d’Otomar Krejča dans les Disk 3,6 et 39, ce dernier lui étant presque entièrement consacré). Quand aux tendances durables, qu’il est possible de constater partout, il ne faut pas perdre de vue en les examinant un contexte plus large et plus profond, auquel visaient les contributions de Július Gajdoš dans le Disk 40 («Le postmodernisme parmi nous») et 41 («Le modernisme chez nous»).

La problématique du mis en scène général comporte les questions de la scénicité du mot et de la parole (dans leur intérêt réciproque- voir l’étude de Zdenka Švarcová et la mienne dans le numéro 40 du Disk et les études précédentes de la professeure Švarcová «Une manifestation, l’action cachée derrière un symbole» du numéro 27 et l’étude de D. Vostrá «Le concept kotodama ou bien l’âme japonaise des mots» dans le numéro 36 , puis mon étude consacrée à l’aspect prosodique de la pièce de Zeyer Radúz a Mahulena, comprise dans une version corrigée dans le livre Scénologie du drame. A ces articles il faut ajouter l’étude de Jiřina Hůrková aujourd’hui disparue, ainsi que les articles du recueil Josef Kajetán Tyl 1808-1856-2006-2008, les articles de Jaromír Kazda «Karel Hugo Hilar et la langue de la scène» du Disk 25, et la «Contribution au travail de la voix d’Eduard Vojan» du Disk 33, mais aussi par ex. l’article de Viliam Dočolomanský «Le guérisseur blessé» consacré à Ida Kelarová et orienté vers la découverte des possibilités de la manifestation vocale. En même temps il s’agit de la confrontation (sur scène) se l’élémenent visuel et figuré avec l’élément parlé: voir le livre Le mot et l’image sur la scène des doctorantes Jana Cindlerová et Tereza Marečková, du doctorant Štěpán Pácl et de Pavel Ondruch (titulaire d’une maîtrise en mise en scène), dans lequel sont abordés les problèmes de mise en scène du drame tchèque de Tyl à Topol et Lagronová en passant par Čapek et Langer (leurs pièces, de même que les pièces de Přemysl Rut, Michal Lang, Július Gajdoš, Martin Glaser et Olga Šubrtová, Jiří Šípek, Milan Uhde, Pavel Landovský et Lenka Chválová et autres ont été imprimées: voir le registre de toutes les contributions sur le site http://casopisdisk.amu.cz.

Tout aussi pressante est la question de la scénicité de l’espace, cad. de la scénographie au sens plus ou moins large; à comparer le travail de Kateřina Miholová sur les reconstructions interactives des produits les plus connus de la scénographie tchèque, effectué dans le cadre de la bourse GAČR sous la direction du professeur Jan Dušek (à côté du livre consacré à la mise en scène d’Ubu roi de Jarry par Grossman et Fára, il y a ses résultats sous forme de DVD ), les contributions de Jiří Heřman dans le Disk, orientées vers sa propre pratique de la mise en scène (voir en particulier les considérations sur la perception humaine et la créativité dans les Disk 12 et l’étude «Un thème actuel: l’espace» du numéro 15) et le remarquable livre de professeur Albert Pražák Espace intermédiaire touchant à la thématique se rapportant au ma japonais: Denisa Vostrá en a traité dans le Disk 34. Elle est aussi l’auteure d’une réflexion sur les convergences entre les connotations rituelles de la maison japonaise et l’espace du théâtre japonais traditionnel, dans le Disk 26, ainsi que «d’autres contributions à l’examen de la perception japonaise de l’espace» dans le numéro 41.

Radovan Lipus s’est consacré dans une série d’articles aux questions de la scénicité de l’espace spécifique et non-spécifique; voir sa thèse publiée de doctorat Scénologie d’Ostrava et des articles sur les rapports du mettre en scène dans l’architecture et l’urbanisme, comme sur le mettre en scène civil comme moyen d’identification des habitants à un endroit donné (dans les numéros 18 et 28). Josef Valenta se consacre de façon systématique à la problématique de la scénicité et du mis en scène du comportement courant dans une série d’articles. Il a développé cette problématique dans le livre Scénologie du comportement(quotidien). Ses articles de revue sont à l’origine de son livre consacré à la scénologie du paysage. Dans les derniers numéros l’auteur, à part la réflexion sur l’utilisation du mettre en scène dans la pratique de la police secrète communiste («Action Kameny – StB et la frontière d’Etat fictive») dans le Disk 35, aborde, dans les numéros 40 et 41, la méthodologie de la recherche dans le domaine du drame éducatif. Il n’échappe pas bien sûr à la problématique du masque (‘civil’), (inspirée par la mise en scène de la comédie de Chiarelli Le masque et le visage dans l’étude du Disk 32), alors que Jana Jiroušková dans le Disk 14 («Le masque dans la tradition culturelle africaine» et Július Gajdoš dans le Disk 36 («Le masque – moyen de mettre en scène l’image spirituelle du monde») sont partis dans leurs études du thème du masque au sens original, cependant que Denisa Vostrá dans le numéro 23 se consacre aux masques traditionnels chinois nuo. Tereza Nekovářová a écrit dans le Disk 37 l’article «La signalisation dans les interactions sociales de diverses espèces d’animaux: le mettre en scène chez les animaux».

Du point de vue de la scénologie, on a pu dire quelque chose d’important sur la problématique, qui est devenue actuelle dans les sciences de l’homme et de la culture en liaison avec la tournure iconique et performative, et qui est liée aux tendances de développement allant de la représentation à la présentation et de l’image à l’objet. En dehors de cette série d’études citées qui ne pouvaient pas échapper à cette problématique, l’article de Markéta Machačíková dans le Disk 33 «Les animaux empaillés. La taxidermie aujourd hui et Damien Hirst» s’y rapporte. Pour ce qui est de la problématique des rapports de l’image et de l’action de représenter /raconter, une série de contributions l’abordent – voir en particulier le livre L’image et l’action (Scénicité dans les arts plastique et dramatique), que nous avons publié avec M. Vojtěchovský et le soutien de la GAČR, une version en anglais étant même sortie l’an passé; y sont mises en valeur bien des choses esentielles que Miroslav Vojtěchovský a développées dès les débuts de cette revue à partir d’exemples du domaine de la photographie et des études visuelles en général. La problématique de l image et de l’action est au centre de l’étude de František Šmahel «Le dressage des sauvages dans les actions scéniques de l’imagination médiévale» dans le Disk 36 et l’auteur de cette introduction étudie dans le Disk 34 les rapports de l’image et de la scène. Přemysl Rut approfondit systématiquement la problématique de l’action en elle-même dans les Disk 6, 8 et 23. Nous n’avons pas voulu ni ne voulons négliger la problématique particulière du mettre en scène en littérature et des rapports des traditions orale et littéraire (voir les contributions de Jiří Šípek «Mythes, légendes, scénicité» dans le Disk 28 et «Scénicité dans les traditions littéraire et orale» dans le Disk 41 ainsi que l étude de Denisa Vostrá «De l’allusion dans la poésie traditonnelle japonaise waka aux scènes du haïku moderne» dans le numéro 30. Les rapports de la scénicité et du mettre en scène, ainsi que de la performativité et de l’art spécialement performant sont approfondis par Július Gajdos, qui a rassemblé les études préparatoires dans le livre De la mise en scène à l’installation, de l’art dramatique à la performance. L’auteur de ces lignes, dans l’étude parue dans le Disk 38 et 39 «De la théâtrologie à la scénologie», s’est exprimé sur la tentative d’une nouvelle identification des matières de la science théâtrale dans le contexte du mis en scène général et des rapports de la scénologie avec la théâtrologie.

L’énumération qui vient d’être faite montre clairement le lien des livres publiés aux éditions Disk avec les études préparatoires imprimées dans la revue. Sans ces études préparatoires, un grand nombre des livres cités serait à peine pensable. La question se pose alors: la même fonction des contributions ne pourrait-elle pas être remplie par une fréquence plus grande des symposiums et des conférences, alors que les contributions, dans le cadre de la préparation de thèses de doctorat, peuvent être très sérieusement discutées dans les séminaires? Les études et articles du Disk ne rencontrent pas la plupart du temps un grand écho parmi les spécialistes – et il n’est pas suprenant que certaines (rares) réactions aux livres publiés souffrent clairement d’un manque de qualification et sont influencées, incontestablement, par la dure concurrence dans le champ touchant à l’attribution des bourses.

Considéré du point de vue général, les conditions existantes d’attribution des moyens financiers entraînent une surproduction de publications, ce qui a pour résultat un net excédent de titres publiés par rapport à la demande. L’intérêt pour le périodique souffre de cette distorsion; en ce qui concerne la revue et les éditions Disk, se manifeste une nette prédominance de l’intérêt pour le livre sur l’intérêt pour le périodique. Logiquement, la publication de livres aux éditions Disk a prévalu sur la publication de la revue; ce qui a pour conséquence la croissance du volume de travail de rédaction. Le moment était donc venu de décider, sur quoi se concentrer véritablement, vu la diminution des forces, des moyens et de l’intérêt suscité.

Pour prendre cette décision, il était nécessaire de partir avant tout du point de vue du contenu, auquel s’est imposée la question suivante: le temps n’est-il pas venu, vu les circonstances de commencer à évaluer de façon encore plus précise tout projet de publication et de se concentrer, dans le cas d’études partielles, sur une orientation thématique précise rendant possible leur ‘rattachement’ à une monographie collective? Le comité de rédaction et plusieurs autres collaborateurs ont répondu par l’affirmative. En conséquence, nous mettons fin avec ce numéro à la publication de la revue Disk en remerciant tous ceux qui y ont participé, y compris les lecteurs, pour pouvoir nous consacrer pleinement aux éditions du même nom.

Je pense qu’il ne s’agit pas seulement de poursuivre une tradition de dix ans, mais de promouvoir la qualité des éditions Disk et de soutenir le développement de la recherche, ce qui était notre idée quand nous avons créé la revue il y a dix ans.

Jaroslav Vostrý

Traduction Vladimíra et Jean-Pierre Vaddé